Témoin 15 - Alexandre‑Charles Maupas
TÉMOIN XV
ALEXANDRE‑CHARLES MAUPAS
Alexandre ‑ Charles Maupas (18501920) fut nommé curé de Saint‑Jacques de Lisieux et supérieur délégué du Carmel en 1895 (vol. I, p. 526) et ne put donc connaître Thérèse que vers la fin de sa vie. Il déclare modestement (p. 1001) qu'il n'a pas eu le temps suffisant de se former un jugement personnel circonstancié sur les vertus de la Servante de Dieu.
De fait, son témoignage concerne davantage la réputation de sainteté que l'héroïcité des vertus de Thérèse. Mais il est émouvant de l'entendre rapporter certaines expressions de la Servante de Dieu s'apprêtant à quitter ce monde pour rejoindre le Père. Ces expressions viennent confirmer l'objectivité des notes de Mère Agnès publiées dans les Derniers Entretiens et relatives à la joie qu'éprouvait la Servante de Dieu approchant de sa fin à la pensée de sa prochaine rencontre avec Jésus (cf. p. 1002).
Le témoin déposa le 17 septembre 1915, au cours de la 51ème session (pp. 996‑1005 de notre Copie publique).
[Session 51: ‑ 17 septembre 1915, à 2h. de l'après‑midi]
[1000] [Le témoin répond correctement à la première demande].
[Réponse à la deuxième demande]:
Je m'appelle Alexandre‑Charles Maupas, prêtre, chanoine honoraire, curé de la paroisse de Saint‑Jacques de Lisieux et supérieur ecclésiastique du Carmel de ladite ville. Je suis né le 27 août 1850, à Mesnil-Auzouf, diocèse de Bayeux, de Alexandre‑Pierre Maupas, cultivateur et
de Jeanne Marie.
[Le témoin répond correctement de la troisième à la cinquième demande inclusivement].
[Réponse à la sixième demande]:
Je fais mon témoignage en toute sincérité et liberté.
TÉMOIN 15: Alexandre‑Charles Maupas
[Réponse à la septième demande]:
Quand je suis arrivé à Saint‑Jacques en 1895, et fus nommé supérieur ecclésiastique du Carmel, la Servante de Dieu y était déjà depuis 7 ans et avait 5 ans de profession. J'ai donc pu l'entrevoir dans les deux dernières années de sa vie et notamment dans sa dernière maladie.
[Réponse à la huitième demande]:
J'ai une véritable dévotion pour la Servante de Dieu par l'intercession de laquelle je crois avoir obtenu des grâces signalées. Je désire sa béatification pour le bien de l'E‑[1001]glise et des âmes. Je souhaite que ce soit le plus tôt possible, pour que je puisse y assister.
[Réponse de la neuvième à la onzième demande inclusivement]:
Je ne sais rien sur ces débuts de la vie de soeur Thérèse, sinon ce que j'ai lu et entendu à son sujet.
[Réponse à la douzième demande]:
Pendant les quelques mois qui se sont écoulés entre mon entrée en fonction et la dernière maladie de la Servante de Dieu, j'ai à peine eu le temps de l'entrevoir, et je n'ai pu me faire sur elle un jugement personnel.
[Réponse de la treizième à la cinquantième demande inclusivement]:
Je ne l'ai pas assez connue pour formuler un jugement personnel et détaillé sur ces divers points.
[Réponse à la cinquante-et-unième demande]:
J'ai lu les écrits de la Servante de Dieu avec un grand plaisir et une grande édification. J'ai admiré en particulier la sublimité de sa doctrine sur l'amour de Dieu. J'ai été aussi frappé de sa connaissance étendue de la sainte Ecriture, et de l'application si heureuse qu'elle sait en faire presque à chaque page. Cela dépasse de beaucoup ce que l'on peut attendre d'une si jeune religieuse, et je m'estimerais bienheureux d'en pouvoir faire autant.
Ayant eu l'occasion de passer par la Grande Chartreuse, j'ai recueilli ce témoignage d'un des principaux religieux de l'abbaye, vers 1902 ou 1903, je ne me rappelle [1002] pas exactement la date: « Nous désirions depuis longtemps trouver un livre qui pût faire du bien à nos frères, la vie de soeur Thérèse de l'Enfant-Jésus répond parfaitement à ce besoin et fait à nos frères le plus grand bien.»
[Réponse à la cinquante-deuxième demande]:
Lorsque je l'ai vue pour la première fois dans sa dernière maladie, elle me parut joyeuse et rayonnante; je lui demandai la cause de sa joie. Elle me répondit: « C'est que, cette fois, je vais bientôt aller voir mon Jésus.» Elle me parut donc envisager la mort, non seulement avec un grand calme, mais avec une véritable joie.
Quand je lui administrai le sacrement d’Extrême-Onction, quelque temps avant sa mort, je lui dis que si elle recevait bien ce sacrement, son âme serait pure «comme au jour de son baptême.» Ces dernières paroles lui causèrent, m'a dit sa soeur, une grande joie.
[Réponse à la cinquante‑troisième demande]:
Je n'ai rien remarqué de spécial dans l'état de son corps après sa mort.
[Réponse à la cinquante-quatrième demande]:
J'ai présidé à la sépulture qui se fit au cimetière de la ville, dans l'enclos spécial des carmélites, le 4 octobre 1897. Il ne s'est rien passé d'extraordinaire dans cette circonstance. J'ai assisté aussi à la translation de [1003] ses restes dans un tombeau voisin, le 6 septembre 1910, sous la présidence de monseigneur l'évêque de Bayeux. Le procès verbal en a été publié.
[Réponse à la cinquante-cinquième demande]:
Rien ne s'est fait, dans ces circonstances, contrairement aux règles de l'Église
[Réponse à la cinquante-sixième demande]:
L'état de ma santé ne me permet malheureusement pas d'aller au tombeau aussi souvent que je le voudrais, mais je sais pertinemment qu'il y a, tous les jours, et depuis le matin jusqu'au soir, une succession ininterrompue de pèlerins de toutes classes et de tous pays.
[Réponse à la cinquante-septième demande]:
Dans les derniers temps de la vie de la Servante de Dieu, j'ai pu constater qu'on la tenait, dans la communauté, pour une religieuse modèle. Le chapelain, monsieur Youf, m'a lui‑même affirmé alors qu'il en avait la plus haute estime. Aujourd'hui, dans ma paroisse, dans toute la ville, je constate qu'on la tient pour une sainte; de plus, ayant eu l'occasion de faire de longs voyages, j'ai constaté qu'en quelque lieu qu'on s'arrête, soeur Thérèse de l'Enfant‑Jésus est connue et regardée comme une sainte.
[Réponse à la cinquante-huitième demande]:
Je n'ai jamais entendu émettre une opinion contraire [1004] à la sainteté de la Servante de Dieu. J'ai seulement entendu dire quelquefois qu'on faisait peut-être un peu de bruit autour de la Cause; mais je n'attache pas d'importance à cette remarque; d'ailleurs la Servante de Dieu n'y est pour rien, et tout ce qu'on peut faire et dire ne l'empêche pas d'être une sainte.
[Réponse de la cinquante‑neuvième à la soixante‑cinquième demande]:
Personnellement, j'attribue aux prières que j'ai faites à la Servante de Dieu, la conversion inopinée de trois moribonds. La conversion de l'un d'eux fut particulièrement remarquable. Frappé des censures de l'Église, il refusa d'abord de se rétracter, et paraissait devoir mourir dans l'impénitence finale. Je fis une neuvaine à soeur Thérèse de l'Enfant‑Jésus, demandant que le malade me rappelât de lui-même, ce qui eut effectivement lieu vers la fin de la neuvaine. Je pus lui administrer tous les sacrements, et il mourut d'une manière édifiante.
J'ai constaté aussi personnellement des conversions de pèlerins; une en particulier m'a beaucoup frappé.
Je crois aussi lui devoir ma guérison d'une maladie grave cet hiver dernier. On fit pour moi une neuvaine qui se terminait le jour anniversaire du baptême de la Servante de Dieu. Je m'étais associé à
TÉMOIN 15: Alexandre‑Charles Maupas
ces prières, et à la fin de la neuvaine je me trouvai inopinément hors de danger.
En outre de ces faveurs personnelles, je sais qu'un très grand nombre de personnes affirment avoir obtenu, par son intercession, des grâces de toutes sortes; je ne [1005] me suis pas mis en peine de vérifier ces affirmations.
[Réponse à la soixante-sixième demande]:
Je n'ai rien à ajouter.
[Au sujet des Articles, le témoin dit ne savoir que ce qu'il a déjà déposé en répondant aux demandes précédentes. ‑ Est ainsi terminé l'interrogatoire de ce témoin. Lecture des Actes est donnée. Le témoin n'y apporte aucune modification et signe comme suit]:
Signatum: A. MAUPAS, supérieur du Carmel