Témoin 19 - Pierre‑Alexandre Faucon
TÉMOIN XIX (III D'OFFICE)
PIERRE‑ALEXANDRE FAUCON
Ce témoin est tout à fait nouveau. Il n'a pas paru au Procès Ordinaire, et maintenant il apparaît comme témoin d'office. Il n'approcha Thérèse qu'à la fin de sa vie quand, déjà mûre pour le ciel, mais en plein dans la nuit de la foi, elle entrevoyait et prédisait sa mission future, l'approche du temps de ses conquêtes.
Né à Ondefontaine (Calvados) le 15 février 1842, Faucon fut ordonné prêtre le 29 juin 1868. Complètement au service de son diocèse, il y remplit plusieurs charges successives, toujours avec zèle apostolique et grand dévouement. D'abord vicaire à Notre‑Dame de Guibray, il passa au même titre, en 1870, à Saint‑Jacques de Lisieux, et fut ensuite transféré à Caen, en 1876, comme chapelain du monastère des bénédictines. En 1883 il fut nommé curé‑doyen de Ryes, et finalement en 1886 il revenait à Lisieux comme chapelain de la Congrégation des Orphelines; il devenait en même temps confesseur extraordinaire du Carmel. Au Procès Apostolique il se déclare, comme on va le voir, « chanoine honoraire de Bayeux, aumônier des religieuses de Notre‑Dame de Charité de Lisieux.» Il mourut le 3 mai 1918.
La déposition du chanoine, très sobre et discrète, confirme l'admiration qu'il avait laissé paraître le 29 septembre 1897, après avoir entendu la dernière confession de Thérèse mourante (cfr. PA, témoignage de mère Agnès de Jésus, p. 508). Faucon rappelle cette confession, mais, ce qui compte davantage, il rappelle les dispositions et l'attitude surnaturelles avec lesquelles Thérèse s'approchait du grand sacrement de la Pénitence. « Lorsqu'elle se présentait à moi, aux confessions des quatre‑temps, elle s'exprimait avec grande simplicité, clarté et sobriété. Il n'y avait dans sa conduite spirituelle rien qui dénotât la moindre affectation. Elle ne s'occupait pas des autres, s'oubliait elle‑même et ne pensait qu'à Dieu » (p. 1085).
Faucon a déposé le 9 février 1916, au cours de la 57ème session, et sa déposition se trouve aux pages 1084‑1088 de notre Copie publique.
[Session 57: ‑ 9 février 1916, à 9h.]
[1084] [Le témoin répond correctement à la première demande].
[Réponse à la seconde demande]:
Je m'appelle Pierre‑Alexandre Faucon, né à Ondefontaine, le 15 février 1842, de Gilles Faucon, garde particulier et de Aimée Besognet. Je suis prêtre, chanoine honoraire de Bayeux, aumônier des religieuses de Notre‑Dame de Charité de Lisieux.
[Le témoin répond correctement de la troisième à la cinquième demande].
[Réponse à la sixième demande]:
Dans mon témoignage je ne subis aucune influence intérieure ou extérieure qui puisse en altérer la vérité.
[Réponse à la septième demande]:
J'ai connu la Servante de Dieu par suite des fonctions de confesseur extraordinaire des religieuses du Carmel que j'ai exercées pendant les quatre ou cinq dernières années de la Servante de Dieu. Elle se présentait à mon confessionnal aux quatre‑temps. De plus, son confesseur ~ ordinaire étant gravement malade, je fus appelé dans les derniers jours de sa vie à lui donner la dernière absolution.
J'ai été aussi informé de ce qui concerne la Servante de Dieu par mes conversations avec les autres [1085] religieuses du monastère.
J'ai lu « l'Histoire d'une âme » qui confirme ce que je savais par ailleurs de la Servante de Dieu; mais je ne dirai dans mon témoignage que ce que j'ai appris personnellement.
[Réponse à la huitième demande]:
J'aime beaucoup la Servante de Dieu et j'ai pour elle une grande dévotion, à cause de ses vertus et de sa puissance d'intercession qui ne font pour moi aucun doute. Je désire beaucoup sa béatification et ce me sera une grande joie d'y assister si Dieu me prête vie.
[Réponse de la neuvième à la treizième demande]:
Je ne sais personnellement rien de précis sur les premières années et le curriculum vitae de la Servante de Dieu.
[Réponse à la quatorzième demande]:
Lorsqu'elle se présentait à moi, aux confessions des quatre‑temps, elle s'exprimait avec une grande simplicité, clarté et sobriété. Il n'y avait dans sa conduite spirituelle rien qui dénotât la moindre affectation. Elle ne s'occupait pas des autres, s'oubliait elle‑même et ne pensait qu'à Dieu. Il me semble qu'elle réalisait la maxime de l'Imitation « Ama nesciri et pro nihilo reputari», ou mieux encore cette parole de St Paul: « Mortui estis et vita vestra abscondita est cum Christo in Deo » (Col. 3, 3).
[1086] [Réponse de la quinzième à la trente‑sixième demande inclusivement]:
Je n'ai pas assez fréquenté la Servante
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de Dieu pour donner un témoignage détaillé sur chacune des vertus.
[Réponse aux demandes trente-septième et trente‑huitième]:
Les religieuses du Carmel me faisaient de la Servante de Dieu un grand éloge comme maîtresse et directrice des novices. Celles en particulier qui étaient sous sa direction, m'ont rapporté qu'elle les éclairait, écartant leurs doutes, les consolait merveilleusement, les encourageait admirablement et semblait lire dans leur âme. Elle avait réponse à tout; aussi, combien ne l'ont‑elles pas regrettée après sa mort! comme elle leur manquait!
[Réponse de la trente-neuvième à la cinquante‑et‑unième demande]:
Je ne sais rien de personnel sur ces détails. Je pourrais en donner une appréciation d'après la lecture de « l'histoire de sa vie » que je tiens pour très sincère, mais tout le monde pourrait porter ce même jugement.
[Réponse à la cinquante‑deuxième demande]:
A cause de la maladie grave de monsieur Youf, confesseur ordinaire, je fus appelé auprès de la Servante de Dieu mourante pour entendre sa dernière confession. J'entrai dans son infirmerie comme dans un sanctuaire. [1087] A sa vue je fus pénétré d'un profond respect. Au milieu de ses souffrances elle était si belle, si calme qu'elle paraissait déjà au ciel. Le vénérable père Granger, missionnaire diocésain, sachant que je devais approcher de la Servante de Dieu, que sans doute il tenait pour une sainte, me chargea de lui demander de prier pour lui obtenir deux grâces particulières. Elle me le promit avec simplicité et humilité. J'ai su depuis que le père Granger avait obtenu ces grâces qui se rapportaient, je crois, à la construction de l'église du Sacré‑Coeur de Langannerie.
[Au sujet de la cinquante‑troisième à la cinquante‑cinquième demande, le témoin dit n'avoir rien de particulier à déclarer].
[Réponse à la cinquante‑sixième demande]:
J'ai été et je vais, quand je puis, en pèlerinage au tombeau de la Servante de Dieu. L'affluence des pèlerins est continuelle et souvent en nombre considérable. On y prie bien, avec recueillement et gravité.
[Réponse à la cinquante‑septième demande]:
D'une manière générale on croit partout que soeur Thérèse de l'Enfant‑Jésus est une sainte et obtient des miracles. C'est évident puisqu'on vient à son tombeau des régions les plus diverses et que du monde entier on écrit pour demander des prières ou relater des miracles.
[1088] [Réponse à la cinquante‑huitième demande]:
Je ne connais personne qui soit opposé à cette réputation de sainteté ou de miracles.
[Au sujet de la cinquante‑neuvième à la soixante‑cinquième demande, le témoin dit n'avoir rien de particulier à déclarer].
[Réponse à la soixante‑sixième demande]:
Je n'ai rien à ajouter.
[Au sujet des Articles, le témoin dit ne savoir que ce qu'il a déjà déposé en répondant aux demandes précédentes. ‑ Est ainsi terminé l'interrogatoire de ce témoin. Lecture des Actes est donnée. Le témoin n'y apporte aucune modification et signe comme suit]:
Signatum: P. FAUCON.
J'ai déposé comme ci‑dessus, selon la vérité, je le ratifie et le confirme.