CAHIER SCOLAIRE
Le 8 Octobre J.M.J.T.F.P.A. Thérèse
[le début de ce cahier est perdu] …à *a tant de pauvres enfants à qui on ne parle jamais du bon Dieu ni de la religion. Il y a beaucoup d'élèves *êlèves Nouvelles cette *cet année elles sont je crois treize *treiz ou *où quatorze. Au revoir *Aurevoir mon petit Papa Chéri Je t'embrasse de tout mon coeur et t'envoie toute l'affection de mon coeur Ta fille qui t'aime de tout son coeur Thérèse
Style.
Mon cher petit Père. Voilà déjà *déja trois semaines que tu nous as quittées, Trois c’est bien long pour ta petite fille quand elle est séparée *separee
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J.M.J.T.F.P.A. Le 15 Octobre *Octoble [1885] T. Martin
de toi. Si tu savais comme je désire que tu reviennes. Souvent je me représente ton *t’on arrivée : tout le monde est content on se dépêche pour arriver à la gare, on a *à peur de ne pas y arriver en temps, et pour en finir on arrive une *un grand-heure *grande heure trop tôt, enfin le train arrive et nous t'embrassons, tu es *est bien portant nous sommes ravies. Mais plus souvent encore le tableau est noir, je me figure que tu es *est retardé et qu'au lieu de quinze jours que nous avons à attendre ce sera un mois ou *où plus encore *encor. Ou bien tu es *est malade parce que *parceque tu ne te soignes pas assez. Mon petit père chéri tu vas me dire que je ne suis pas raisonnable, que je me crée des chimères. C'est peut être un peu vrai mais enfin que veux tu puisque je suis faite comme cela *celà, et je crois que je n'ai pas tout à *a fait tort car enfin ne peux tu pas être retardé et puis avoue mon petit
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T. Martin J. M.J.T.F.P.A. 15 Octobre [1885]
père que tu ne prends jamais assez de précautions *précaucion pour ne pas être malade ; tu dis toujours tu dis qu'il n'y a pas de danger, mais il y a un proverbe qui dit : Aide-toi et le ciel *cil t'aidera ; mais voilà *volà que je m'aperçois *apperçois que je suis dans le chemin de te faire la morale mais pardonne moi père chéri c'est la crainte qu'a *à ta petite fille que tu sois malade qui la fait parler ainsi. Tout le monde à la maison désire aussi que tu rentres *rentre ; tu es *est criblé de prières nous invoquons je ne sais combien de saints et entre autres St Raphaël *Raphael pour qu'il guide ton *t’on voyage comme celui de Tobie et qu'il te ramène à nous en bonne santé. Nous désirons toutes que tu reviennes le plus-tôt possible. je sais *suis que Tom est de mon avis *avi, car il s’ennuie *s’enue de ton *t’on absence et je suis sûre *sure qu'à *a ton *t'on arrivée il se
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Le 15 Octobre [1885] J.M.J.T.F.P.A. T. Martin
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prépare à remuer de la queue à la manière du chien de Tobie et à te fêter par ses bonds joyeux. Au revoir *Aurevoir Mon Papa Bien Aimé Je t'embrasse de tout mon coeur Ta fille qui t'aime autant qu'on peut aimer un papa comme toi. Thérèse enf. des Sts Anges
Style
Ma chère petite Agnès J'ai reçu ta lettre Jeudi matin et je t'avoue que ce que tu m'as raconté m'a fait de la peine j'aurais désiré te répondre plus tôt mais cela *celà m'a été impossible. Je te vois d’ici lire ma
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27 Octobre [1885] J.M.J.T.F.P.A. T. Martin
lettre et te dire en commençant *commencant Ah voilà encore *encor Thérèse qui va me faire un sermon je vois cela *celà à son commencement de lettre ; mais détrompe toi ma chérie ce n'est pas un sermon que je viens te faire mais simplement une petite remontrance *remontranse amicale et que je l'espère, tu vas prendre gentiment *jentiment. Je sais que tu as un cœur excellent une grande facilité mais hélas en profites- *profite tu. Ma chérie il faut avoir un bon caractère ne pas te rebuter quand tu n'arrives *arrive pas au résultat que tu attendais. Oui tu le sais et c'est justement pour cela *celà que tu es * est plus coupable tu sais que cela *celà fait de la peine au Bon Dieu quand tu réponds toujours et à *a tout ce que l’on te dit *dis : « C’est plus fort que moi » mais non *nom ma petite Agnès cela *celà n'est pas plus fort que toi. Tu n'as qu'à te bien persuader qu'avec la grâce de Dieu on arrive à tout ce que
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Le 27 Octobre [1885] J.M.J.T.F.P.A. T. Martin
l’on veut *veux et tu verras que tu arriveras en effet à ne plus répondre pour un rien : « C'est plus fort que moi ». Il est vrai que cela *celà te coûtera peut être un peu d'efforts mais quand on se prépare à faire sa 1e Communion on n'y regarde pas pour faire un petit sacrifice et mortifier un peu son orgueil *orgeul. Au contraire je suis sûre *sure que mon Agnès recherchera beaucoup ces petits sacrifices *sacrifice puisqu'elle sait qu'ainsi elle pourra rendre son petit cœur moins indigne de recevoir Jésus. Rappelle toi bien ma chérie qu'il n'y a que le premier pas qui coûte quand tu auras commencé presque toutes les difficultés *difficultées seront aplanies *applanies. Ne te dis pas je commencerai un autre jour à me convertir aujourd’hui je suis trop enragée à répondre à mes maîtresses pense qu'un autre jour tu n'auras pas plus de courage bien au contraire commence
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Le 27 Octobre [1885] J.M.J.T.F.P.A. T. Martin
donc tout-de-suite résolument et avec courage sois sûre *sure que le bon Dieu t'aidera. De mon côté je prierai beaucoup pour ma petite soeur chérie et je suis sûre *sure qu'aussitôt après avoir lu ma lettre elle va m'écrire pour me raconter toutes ses bonnes résolutions *résolution et dans huit jours je recevrai une seconde lettre et je m'attends *at-tend à y trouver non pas
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des prodiges mais simplement des batailles et sdes victoires et des défaites car il ne faut pas t'imaginer que toujours tu seras victorieuse *victorieuses non au contraire cela *celà ne servirait qu'à augmenter *ogmenter ton orgueil *orgeul mais j'espère y lire beaucoup de bonne volonté. Au revoir *Aurevoir petite soeur chérie. Ta grande soeur qui resterait toute la nuit auprès de toi si le devoir ne lui disait de te quitter. Thérèse enf. des Sts Anges.
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Le 5 Septembre T. Martin J.M.J.T.F.P.A.
Le Savetier et le Financier.
Il était une fois un savetier qui passait sa vie très *treis gaiement *gaiment il chantait du matin au soir. C'était très amusant de l'entendre car il ne chantait pas très bien mais cela *celà lui était bien égal. Il avait pour voisin un financier qui était riche comme Crésus aussi cela *celà l'empêchait de dormir car il avait peur des voleurs il était si riche. Le malheureux financier ne faisait que se plaindre il se demandait comment Dieu qui est si bon n'avait point au marché fait vendre le sommeil *someil ainsi que le manger et le boire. Un jour qu'il était encore plus fatigué que de coutume, il n'avait pas fermé l’œil *oeul de la nuit le voilà qui fait venir le savetier et lui dit : « Bonjour Monsieur Grégoire je voudrais bien savoir combien vous gagnez par an – : Par an monsieur ma foi je ne sais
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Le 5 Septembre *Septambre T. Martin J.M.J.T.F.P.A.
pas car je ne compte point comme cela *celà je n'entasse pas plus de quelques sous d'un jour sur l'autre pour moi il me suffit d’attraper les deux bouts de l'année. – Mais enfin dites moi ce que vous gagnez. – Hélas à peu près rien mais cela *celà m'est égal pourvu que chaque jour amène son pain le mal est que dans l'année s'entremêlent les jours [où] il faut chômer Monsieur le Curé nous ruine en fête il a *à toujours un nouveau saint à annoncer à son prône *prone Le financier riant de sa naïveté lui dit : Je veux vous faire riche aujourd’hui *aujourdhui prenez ces cent écus gardez-les soigneusement pour vous en servir au besoin. Le savetier au comble du bonheur crut posséder toutes les mines du pérou. Il emporte l'argent le met dans sa cave il veille nuit et jour, plus de chant plus de sommeil *someil il eut pour hôtes *hôte les soucis la crainte et les alarmes tout le jour il tremblait la nuit c'était bien pire
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T. Martin J.M.J.T.F.A.P.
Si quelque chat faisait du bruit, le chat prenait l'argent. A la fin le savetier s'en courut chez le financier qu'il n'empêchait plus de dormir : Rendez moi lui dit il mes chansons, et mon somme, et reprenez vos cent écus.
Morale L'argent ne nous rend pas heureux bien au contraire le simple savetier est bien plus heureux dans toute son économie que le riche Financier qui a de l'argent de trop donc ne désirons jamais plus que ce que nous avons car au lieu d'être plus contents nous serions au contraire bien plus malheureux nous voudrions alors comme le savetier rendre ce qui nous rend malheureux. Mais alors le pourrons nous ?
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CAHIER SCOLAIRE
J.M.J.T.F.P.A. T. Martin Le 14 Novembre
Narration
Un laboureur s’en alla un jour à la ville et acheta cinq pêches magnifiques quand il fut rentré chez lui il les distribua à ses quatre *quatres enfants qui étaient ravies car elles n'avaient jamais vu d'aussi beaux fruits ; comme il restait une pêche le père la donna à la mère et s’en alla. Le soir avant de faire la prière le père *pêre dit à l'aînée *ainée de ses filles qui avait treize ans : « Dis moi Marguerite qu'as tu fait de ta pêche. – J’en ai mangé la moitié et j'ai forcé maman à prendre l'autre car elle avait donné la sienne à Jeanne qui avait fini *finit la sienne et pleurait pour en avoir encore. – Très bien mon enfant tu as agi *aji comme tu le devais quant à *tant qu’a Jeanne elle est si
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J.M.J.T.F.P.A. T. Martin Le 14 Novembre
jeune qu'elle est encore bien excusable. Maintenant c'est à *a toi Charlotte de nous dire comment tu as employé ta pêche. Moi répondit *repondit la petite fille je l’ai emportée à la classe en ayant soin d'abord de la faire admirer à mes petites compagnes puis je l'ai coupée en deux et j'en ai mangé la moitié *moite, j'avais bien envie de manger l’autre moitié mais il y avait là une de mes amies qui m'avait donné du gâteau alors je lui ai donné ma pêche. Oh dit le père tu as bien fait de donner de la pêche à ta petite compagne mais un autre sentiment aurait dû *du te conduire, enfin à neuf ans on a *à encore de ces *ses pensées et je te sais bon gré de nous l'avoir avoué ce soir. Allons Susanne c'est toi qui as *à la parole. – J’étais bien contente d'avoir une belle *bellle pêche et je me suis dit ; il ne faut pas
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Le 14 Novembre J.M.J.T.F.P.A. T. Martin
que je la mange ici je ne serais [pas] tranquille alors je suis partie pour aller la manger dans un champ tout à coup comme j'étais assise sur l'herbe *Erbe j'entendis des pleurs et m'étant retournée je vis une pauvre petite fille toute déchirée qui sanglotait *sanglottait de toutes ses forces alors moi j'ai eu peur et j'étais pour me sauver mais la petite fille s'est mise à pleurer plus fort je me suis approchée et je lui ai dit qu'as tu donc ma pauvre petite fille. – J'ai bien du chagrin personne ne m'aime. – Pourquoi donc moi je t'aime bien puisque tu es *est malheureuse. – Oh si vous saviez comme je suis méchante vous ne m'aimeriez plus mais je crois que ce n'est pas tout à *a fait tout -a fait de ma faute si quelqu'un m'aimait je serais meilleure à l'école tout le monde se moque de moi
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Le 14 Novembre J.M.J.T.F.P.A. T. Martin
parce que *parceque je suis mal habillée *habillee et que je n'ai jamais que des paroles dures à leur dire ce n'est pas de ma faute ma pauvre mère est malade et ne peut pas travailler elle me dit toujours que si je voulais je pourrais *pourais bien déjà *deja gagner un peu d'argent mais moi je ne sais pas comment faire. Les enfants ne m'aiment pas parce que je suis triste et quand ils se moquent de moi je les bats. – Eh bien tiens que je lui ai dit *dis puisque tu
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voudrais gagner de l'argent j'ai là une belle pêche je vais te la donner et si tu veux tu peux bien la vendre cela *celà commencera à te faire un peu d'argent et puis je vais demander à papa de te donner de l'ouvrage, alors elle m'a remerciée et m'a dit que j'étais très bonne. elle m'a promis de le devenir puisque je l'aimais. Bien ma chérie dit le père les larmes aux yeux tu es *est une bonne petite fille et je te promets de donner de l'ouvrage
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J.M.J.T.F.P.A. T. Martin Le 14 Septembre
à ta protégée. Et maintenant mes enfants dites-moi laquelle de vous a *à fait le meilleur *neilleur usage de sa pêche : C’est Susanne dirent toutes les petites filles. Maintenant *Maintent mes enfants dit le père faisons notre prière et remercions Dieu d'avoir donné une bonne pensée à Susanne.
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L’Hiver
Chère Amie voilà que la saison des feuilles mortes est passée, c'est fini nous ne verrons plus tourbillonner autour de nous sous l'impulsion du vent ces tristes messagères de l'hiver ; que j'aimais cependant à entendre *entrendre leurs doux *dous murmures, à voir le vent les lancer au loin puis en apporter de nouvelles mais maintenant la pluie va les remplacer, puis la gelée et la
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Le 3 Décembre J.M.J.T.F.P.A. T. Martin
neige car nous allons entrer en hiver ; hélas oui cette triste saison va commencer triste en effet pour les malheureux qui n'ont pas d'asile *d'asiles ; pour les pauvres orphelins *horphelins qui n'ont pas de pain ; mais quant à *tant qu'à moi si je n’avais tant de misère sous les yeux je ne pourrais *pourais m'empêcher de me réjouir car j'aime l'hiver, oui j'aime les longues soirées qui nous rassemblent en famille auprès du foyer pétillant. La neige est il rien de plus beau, quand elle recouvre de son blanc manteau maisons campagnes et vallées n'est elle pas le symbole de l'innocence et de la pureté dans les cœurs. Si le matin je regarde à ma fenêtre je vois un spectacle ravissant, tout est blanc rien n'est souillé, mais si la neige ne continue pas à tomber les passants l’ont bientôt salie et le Soleil la fait fait fondre.
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Le 3 Décembre J.M.J.T.F.P.A. T. Martin
La neige n'est elle pas ici le symbole de la grâce qui tombe en une pluie féconde sur notre âme, mais si par malheur la grâce cessait ah alors nous serions perdues le péché viendrait détruire le fruit de la grâce et notre innocence serait flétrie. Vraiment il faut que nous soyons bien habitués à toutes les merveilles que nous voyons pour y faire si peu d'attention *atention, la neige, l'arc en ciel ne se croirait on pas dans un pays enchanté pour voir de pareilles choses ; dans ce moment j'aperçois *apperçois un gros nuage très noir puis semblables à de petites fées je vois des parcelles blanches se détacher, tomber *tonber délicatement en se balançant *balancant Gracieusement et venir former une douce couche blanche *blance semblable au moelleux *moeulleux duvet du beau cygne *Sygne blanc qui se balance sur un lac transparent Chère Amie je pense tant de choses sur l'hiver et la neige que si la raison n'était pas là
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Le 2 Décembre J.M.J.T.F.P.A. T. Martin
pour me retenir je t'en parlerais jusqu'à *j’usqu’à demain mais me voilà obligée de te quitter après t'avoir dit des choses que tu pensais déjà *déja et qui naturellement ne t'ont pas intéressée mais je te connais et je sais que tu vas excuser *exuser ton amie qui t'aime tendrement Thérèse enf. des Sts Anges
Style
Mon cher petit Père j'ai été témoin d'un fait bien touchant et je n'ai pas voulu rester sans t'en faire part. Il y a *à à la pension deux petites soeurs (l'aînée *ainée a *à neuf ans) très gentilles *jentilles et très timides elles sont nouvelles et elles n'osent presque pas nous parler dans le commencement. Nous avons remarqué que depuis quelque *quelques temps elles n'avaient pas de
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Le 2 Décembre J.M.J.T.F.P.A. T. Martin
dessert nous n'avons pas d'abord osé leur en demander *demender la cause mais au bout de quelque *quelques temps je leur ai demandé *demendé le plus délicatement possible pourquoi elles *elle n'apportaient plus quelques friandises comme au commencement. La petite s'est mise à pleurer et l'ainée *ainée a *à répondu en rougissant : “Avant de venir ici nous ne savions pas qu'il fallait faire maigre le vendredi notre mère ne nous avait parlé que très vaguement de Dieu et nous avions ignoré beaucoup de choses mais depuis que nous sommes ici nous avons appris *apris au catéchisme *cathéchisme à aimer Dieu et nous y avons aussi appris *apris qu’il ne faut faut pas manger de gras le vendredi j'avais bien envie de raconter ma peine à la maîtresse *maitresse mais je n'ai pas osé alors j'ai dit à ma petite soeur tu sais Madeleine demain il ne faudra pas accepter ce que l'on
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Le 10 Décembre J.M.J.T.F.P.A. T. Martin
te donnera car le bon Dieu défend *defend de faire gras le vendredi. cependant j'étais tourmentée et je me demandais *demendais s’il ne valait pas mieux obéir à papa et maman mais je me suis rappelée qu'il y avait dans le catéchisme *cathéchisme qu'il faut plutôt obéir à Dieu qu'à son père et à sa mère alors le soir nous avons refusé absolument de manger de la viande papa et maman se sont très fâchés *fachés mais voyant que nous n'obéirions pas ils ont dit que maintenant nous n'aurions *orions plus jamais de dessert la pauvre petite pleurait en achevant et moi je ne pouvais m’empêcher de faire comme elle je l’ai encouragée en lui disant que bien sûr *sure Dieu les bénissait *bénisait et convertirait leurs parents. J'ai été ensuite *ensuit raconter *racconter à mes compagnes ce qui s'était passé alors nous
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Le 10 Décembre J.M.J.T.F.P.A. T. Martin
avons décidé que chacune de nous se priverait d'un peu de dessert chaque jour pour en donner à nos chères petites compagnes. Maintenant je suis l'amie de Marie qui m'a assurée
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*assuré que cela *celà lui avait fait beaucoup de bien de pouvoir se confier à quelqu'un qui la comprenne. Au revoir *Aurevoir mon cher petit Père j'espère que tu vas approuver ce que nous avons fait. Ta fille qui t'aime bien tendrement Thérèse enf. des Sts Anges
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T. Martin J.M.J.T.F.P.A. Le 28 Décembre [1885]
La Conscience
Nous avons au dedans de nous quelque chose qui nous parle qui nous avertit quand nous faisons bien ou *où mal, ce quelque chose s'appelle conscience. Oui la conscience nous parle (qui nous avertit quand nous faisons) non pas comme le monde mais elle a *à une voix qui parle plus haut que personne *persone et quiconque l'écoute ne se trompe pas sur le bien ou *où le mal. Oui nous avons beau faire notre conscience est là *l’à et c'est ce qui tourmente horriblement les méchants qui sont comme consumés par un ver rongeur ; sans doute ils peuvent endormir cette conscience
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Le 28 Décembre J.M.J.T.F.P.A. T. Martin
pour quelque temps passer leur vie dans les bals les débauches, alors enivrés *ennivrés par le plaisir ils oublient pour un instant leur conscience, mais dès *d'ès qu'ils ne sont plus comme endormis ils la retrouvent cette conscience qui leur parle encore avec plus de violence. oui elle est une chose terrible pour les *le pécheurs, mais pour les bons elle ne l'est pas et elle leur procure, au contraire, un bonheur perpétuel que rien ne peut troubler, non rien, même pas l'adversité et l'inconstance *inconstence du sort, ils n’ont rien à se reprocher donc ils sont contents ; si un malheur leur arrive, s’ils *si ils commettent *commètent le péché ah alors, leur conscience leur dit de ne pas le garder qu'il pèse trop lourd sur elle, pauvre conscience et aussitôt qu'elle en est déchargée elle redonne la paix à l'âme.
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Le 28 Décembre J.M.J.T.F.P.A. T. Martin
Voyez un petit enfant dès que sa raison a point dans sa jeune intelligence sa conscience aussi s'est éveillée *eveillée alors qu'elle est dans toute sa beauté qu'elle n'a pas été forcée et dénaturée elle lui parle continuellement ; voyez le s'il *si il fait quelque chose de mal alors même qu'il est tout seul le sang montera à son petit visage et il regardera de tous côtés pour voir si quelqu'un l’a aperçu *apperçu c'est que ce petit être sans qu'on le lui ait jamais dit sent [que] l’œil *oeul de Dieu est là *l’a qui le regarde continuellement au contraire quand il a *à fait une bonne action il se sent léger *l’éger et est tout joyeux la conscience est le regard de Dieu elle est pour nous comme le Soleil est pour la plante nous ne pouvons vivre sans elle dans le vrai chemin. Nous devons donc avoir une
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Le 28 Décembre J.M.J.T.F.P.A. T. Martin
grande reconnaissance envers le bon Dieu qui nous a *à fait le don si précieux d'une conscience.
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Vouloir c’est Pouvoir
Chère petite soeur, je sais, que tu ne te laisses *laisse pas facilement adresser *adesser des reproches, c'est pourquoi j'ai tardé si longtemps, à t'adresser une petite remontrance, dont tu as grand besoin, si je le fais sois persuadée ma chérie, que c'est parce que *parceque je m'y trouve obligée ; notre bonne tante te gâte et te fait toutes tes volontés, mais j'ai pensé que cela *celà ne pouvait durer et en ma qualité d'aînée *ainée j'ai pensé que ma petite Marie voudrait bien lire sans se fâcher *facher la lettre que je lui envoie. Ma chérie quand tu n'as pas fait un devoir ou *où que tu as négligé
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Jeudi 14 Janvier 86 J.M.J.T.F.P.A. T. Martin
une leçon, tu as une réponse toute trouvée : Je ne peux pas. Pour te démontrer la fausseté de ta réponse j'ai pensé qu'il serait bon de te raconter une petite histoire écoute bien je commence. Il était une fois une petite fille née de parents très pauvres dès qu'elle en eut la force elle aida sa mère dans les soins du ménage. La petite fille grandit et sans savoir ni lire ni écrire elle arriva à l'âge *age de quinze ans, la pauvre enfant avait bien envie d'apprendre un état mais ses parents étaient trop pauvres pour faire cette dépense. Un jour sa mère lui annonça qu'elle lui avait trouvé une place chez une épicière ; la petite fille n'avait pas de gages mais elle était nourrie, c'était beaucoup pour ses pauvres parents. L'épicière était très riche elle avait beaucoup de pratiques
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Jeudi 14 Janvier 86 J.M.J.T.F.P.A. T. Martin
et employait Louise à faire les commissions, elle n'avait pas autre chose à faire ; le premier soir quand elle fut rentrée dans sa chambre, elle se demandait *demendait ce qu'elle pourrait bien faire, dans ses moments perdus, elle avait le désir d'apprendre à lire, mais dans quoi elle n'avait pas de livres. Le lendemain dès le matin elle recommença à porter des paquets. Parmi les pratiques de l'épicière il y en eut qui donnèrent à l'enfant quand elle alla porter des paquets, et à la fin de sa journée elle avait vingt *vingts sous elle était enchantée et elle courut chez un libraire pour acheter un livre. D'abord elle n'y comprit rien elle se découragea et laissa son livre, mais quelque *quelques temps après, l’idée de rester ignorante toute sa vie lui fit reprendre son livre qu'elle ne quitta plus, elle apprit à lire toute seule ; mais avec beaucoup de peine. Quand
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Jeudi 14 Janvier 1886 J.M.J.T.F.P.A. T. Martin
elle vit qu'elle avait réussi elle se dit qu'elle apprendrait bien aussi à écrire, en effet elle y arriva ; elle apprit aussi à compter. Elle se trouva un jour chez une dame très instruite elle lui raconta comment elle avait appris ce qu'elle savait ; cette dame fut très étonnée, elle questionna la jeune fille et y prit beaucoup d'intérêt ; elle alla chez les parents de Louise leur annonça que maintenant leur fille aurait une position qu'elle se chargeait de l'instruire et de lui faire passer son brevet. Aujourd'hui Louise est maîtresse *maitresse de pension elle vit heureuse et ses parents sont désormais à l'abri du besoin. Chère petite soeur diras tu maintenant que tu ne peux pas apprendre ? Oh non, n'est ce pas
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*n’escepas tu vas te mettre avec ardeur
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Jeudi 14 Janvier 86 J.M.J.T.F.P.A. T. Martin
à travailler et comme tu as beaucoup de facilité tu verras qu'il ne te sera pas difficile d'arriver à la place de première que tu n'as encore jamais eue. Au revoir *Aurevoire ma petite chérie je te quitte avec l'espérance que tu vas bien t'appliquer. Ta soeur qui t'aime de tout son cœur Thérèse
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C'est une bien belle mission que Dieu a *à donnée à la femme en la faisant mère de famille quel précieux dépôt il lui a confié et comme elle doit prendre soin de ses petits
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Vendredi 29 Janvier J.M.J.T.F.P.A. T. Martin
enfants. Pour être une bonne mère la femme doit être bonne ménagère. Une bonne ménagère doit avoir l’œil *l’oeul à tout veiller à ce que tout s'accomplisse *accomplise bien elle doit examiner comment elle doit régler ses dépenses pour ne pas se faire de dettes. Pour prouver combien une ménagère doit surveiller tout par elle même je vais raconter une petite histoire. Une dame qui habitait à la campagne avait beaucoup de serviteurs et elle était très riche mais comme elle laissait ses serviteurs s'arranger à leur façon *facon elle s'aperçut *apperçut bientôt que sa fortune diminuait beaucoup, un jour comme elle confiait ses soucis à une de ses amies celle ci lui dit : Je vous promets que si vous voulez faire ce que je vous dirai au lieu de voir diminuer votre fortune vous la
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V. 29 Janvier J.M.J.T.F.P.A. T. Martin
verrez augmenter *ogmenter sensiblement je vais vous donner une petite cassette *casette mystérieuse vous n’aurez qu'à *a la promener soir [et] matin chez vous, depuis votre cave jusqu'à *j’usqu’à vos écuries, vous me rendrez ma cassette *casette dans un mois. La dame remercia son amie et commença *commenca, dès le soir, à faire sa ronde. En entrant dans la cave elle vit son domestique fort occupé à vider bon nombre de bouteilles de vin, dans la cuisine elle vit la bonne qui mangeait du sucre enfin partout [où] elle alla elle vit des choses de ce genre, elle fut fort étonnée et elle comprit ce que son amie avait voulu lui dire en lui donnant la cassette, que c'était qu'il n'y avait que l'œil *oeul de la ménagère pour voir ce qui se passe dans un ménage depuis ce jour elle ne manqua à faire sa visite et bientôt *bientot la richesse rentra sous son toit.
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Le 13 Février Jeudi J.M.J.T.F.P.A. T. Martin
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Chère petite Amie, j'ai passé ma journée de jeudi dernier bien paisiblement mais en même temps très
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agréablement le matin je n'ai pas sorti [sic]; j'ai été visiter mes petits oiseaux et mes fleurs dont je ne m'occupe pas souvent faute de temps j'ai appris *apris ma composition d'histoire de France enfin j'ai fait une foule de choses qu'il serait trop long de te raconter *racconter et qui d'ailleurs ne t'intéresseraient *intéraisseraient pas beaucoup. Vers deux heures de l'après midi nous sommes sorties nous avons [été] voir Pauline avec ma Tante et nous avons eu un agréable parloir et je t'assure que c'est ce qui m'a fait le plus de plaisir dans toute ma journée. Nous avons été faire ensuite une petite promenade en voiture puis nous sommes rentrées passer
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Le 11 F. Jeudi J.M.J.T.F.P.A. T. Martin
le reste de l'après midi chez ma tante nous avons travaillé et joué. Nous avons passé notre soirée très agréablement Ma tante, mon oncle mes cousines et ces *ses demoiselles Maudelonde *Maudelondes sont venues dîner chez nous nous nous sommes beaucoup amusées à toutes sortes *toute sorte de jeux. Enfin comme tout finit nous avons été obligées de nous séparer cela *celà n'a pas été sans quelque regret mais il en est ainsi de tout ici bas les peines comme *commes les plaisirs finissent. Tu vois chère amie que je ne me suis pas ennuyée cependant *cependent il n'y a *à pas de plaisir sans [...] peine moi aussi j'ai eu de la peine c'était parce que *parceque tu n'étais pas là pour mon grand Jeudi mais j'espère que malgré notre séparation tu as beaucoup de plaisir et que tu vas m'écrire *mécrire pour me les raconter *racconter car cela *celà m'intéressera *intérassera beaucoup de savoir comment tu as passé ton grand Jeudi. Adieu chère petite amie je t'embrasse comme je t'aime Ta soeur de Cœur Thérèse aspirant des enf. de Marie
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Le Jeudi 18 février S.A.J.M.J.T.F.P.A.A.P. T. Martin
Le petit Savoyard
Que se passe t il donc dans cette pauvre chaumière ? on entend des sanglots ! c'est une pauvre mère *mêre qui pleure peut être la mort de son enfant, mais non les voilà tous les deux ; écoutons ce qu'ils disent. Mon pauvre petit il faut nous séparer je n'ai plus de pain ni d'argent j'aime mieux n’avoir pas ta misère sous les yeux je souffrirai seule mais va-t'en *va t en à Paris on m'a dit que les riches étaient généreux qu'ils secouraient les pauvres, va mon enfant bien aimé, ton père qui est mort te *de protégera du haut du Ciel. Dieu n'abandonne pas les enfants qui l'aiment et qui souffrent, eh *et bien promets moi avant de partir de toujours faire ta prière le matin et le soir si tu n'y manques jamais
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